Sur les traces de l’Art Déco à Paris

Piscine Pontoise – 5ème arrondissement

Mouvement artistique né au lendemain de la Première Guerre Mondiale, dans les années 1910, l’Art Déco a connu ses années folles au cours des années 1920 avant de décliner lentement dès le début des années 1930, et prendre fin lors de la Seconde Guerre mondiale.

En un peu plus de 20 ans, l’Art Déco a fortement influencé le paysage architectural parisien. Ce style architectural, caractéristique de la Belle époque et en opposition totale à l’art nouveau est facilement reconnaissable grâce à son style composé de lignes droites, géométriques et symétriques.
Ce mouvement est toujours considéré par beaucoup comme le premier mouvement architecture-décoration.

Né dans un contexte de réaction quant aux dérives de l’industrialisation à outrance, cet art choisit de miser sur les couleurs, les formes et les motifs, mais également choisi de manière un peu inédite une grande superposition de matériaux. Dans l’Art Déco le bois, la céramique, le textile mais également l’or, l’agent et le vitrail sont privilégiés.

Ce style architectural a notamment été très utilisé pour les édifices évoquant les loisirs (théâtres, cinémas, piscines…). A l’époque, des constructions Art Déco devaient mettre en valeur un bâtiment et par extension, son propriétaire.

Il faut le dire, dans le domaine, notre capitale a été bien gâtée !

Nous avons choisi de nous pencher un peu plus sur l’histoire de 6 lieux emblématiques de l’Art Déco à Paris.

La maison de verre – Paris, 7ème arrondissement

Discrètement nichée au coeur d’une cour privée du quartier Saint-Germain-des-Près, dans le 7ème arrondissement de la capitale depuis sa construction entre 1928 et 1932, ce jalon de l’architecture du XXème siècle fascine toujours les amateurs d’architecture moderne.

Retour dans les années 1920, où celle que l’on connait maintenant comme “La Maison de Verre” – plus tard nommée “The Best House in Paris” par le New York Times – voit le jour.

C’est une oeuvre chorale que nous devons au designer et décorateur Pierre Chareau, à l’architecte Bernard Bijvoet et à l’artisan-ferronier Louis Dalbet, à la demande du propriétaire des lieux, le Docteur Dalsace qui souhaitait rénover son hôtel particulier pour y accueillir sa famille mais également son cabinet. Seulement, le locataire du dernier étage de cette bâtisse refuse de quitter les lieux au début du projet, et rend donc la possibilité de raser l’immeuble impossible. Une solution apparaît pour le duo ; glisser le projet sous le dernier étage de l’édifice, sans le modifier. C’est ainsi qu’une fois débarrassé de ses murs porteurs, l’hôtel particulier s’est transformé en façade de briques de verre baigné de lumière.

Les panneaux de verre sont soutenus par une structure métallique et tous les éléments utilitaires de la Maison de Verre sont volontairement rendus visibles et sont pour l’occasion transformés en véritables éléments décoratifs. Ce projet avant-gardiste met alors en avant le contraste entre l’édifice ancien datant du XVIIIème siècle et le style nouveau en verre et acier ce qui en fait l’un des projets les plus emblématiques de l’architecture moderne.

Classée monument historique en 1982, la Maison de Verre a été cédée en 2005 à un historien et collectionneur américain, Robert Rubin.

Anecdote sur le lieu : La Maison de Verre a été prêtée à la Maison Yves Saint Laurent en 1988 le temps du tournage d’un film publicitaire pour le parfum Opium. Il est facile d’y reconnaître la grande paroi en briques de verre.

Les folies bergères – Paris, 9ème arrondissement

La célèbre salle de spectacle Folies Bergère a été inaugurée en 1869 mais c’est bien plus tard, en 1926, quelle deviendra caractéristique du style Art Déco par sa façade ouvragée recouverte de dorures, oeuvre de Maurice Picaud – dit Pico.

Pour la réalisation du bas-relief central de la façade, c’est la danseuse et mannequin russe Lila Nikolska, célèbre à Paris dans les années 20, qui sera la muse de Pico. Il y entremêle les courbes et les lignes droites, typique de l’Art Déco, la femme de l’oeuvre y arbore également la coupe de cheveux crans classique des années folles à Paris.

De part et d’autre de ce portrait central Pico nous a laissé deux bas-relief aux moindres dimensions qui illustrent respectivement de gauche à droite, l’allégorie de la tragédie et de la comédie.

Longtemps recouverte de cuivre, cette oeuvre, témoignage des années folles dans la capitale a été rénovée en 2012 et a pris un coup d’éclat en laissant place à la feuille d’or.

Le palais de Chaillot – Paris, 16ème arrondissement

L’histoire du Palais de Chaillot se confond avec celle des Expositions Universelles qui ont eu lieu dans la capitale. Le point de vue qu’il offre permet d’explorer les réalisations de cette période éclatante, de l’oeuvre magistrale de la tour Eiffel aux aménagements des quelques 93 930 m² des jardins du Trocadéro.

Plus que le simple témoignage d’une époque, le Palais de Chaillot est reconnu par certains comme le monument majeur des années 30 à Paris.

Le projet a été lancé lors de l’exposition universelle de 1937, sur l’ancien palais du Trocadéro. Les chefs-d’orchestre de ce projet monumental sont trois architectes, Jacques Carlu, Louis-Hippolyte Boileau et Léon Azéma. Eux-même ont fait appel à plus de quarante artistes pour habiller le bâtiment. On leur doit notamment ; les bas-reliefs des différentes façades qui composent l’édifice, mais également les statues sur l’esplanade et dans les jardins. Ce travail joint entre architectes et artistes était l’un des caractéristiques du mouvement d’Art Déco.

La décoration intérieure, qui a nécessité le travail de plus de 70 peintres et sculpteurs, présente une large palette de toutes les tendances du mouvement.
Aujourd’hui, le palais abrite des lieux incontournables de la ville, tels que, la Cité de l’architecture et du patrimoine, le Musée de l’Homme, ainsi que le Théâtre National de Chaillot.

A l’origine né d’un projet de camouflage de l’ancien Palais du Trocadéro, les architectes vont faire évoluer le concept de camouflage vers celui d’une transformation qui sera plus en plus audacieuse, jusqu’à réussir à faire oublier et faire presque totalement disparaître l’élément central de l’ancien palais, qui est aujourd’hui la place du Trocadéro telle que nous la connaissons et qui offre l’une des vues les plus célèbres du monde. Pour cette initiative, le trio d’architectes remportera l’une des huit mentions décernées au concours de camouflage.

Palais de Tokyo – Paris, 16ème arrondissement

Le Palais de Tokyo a lui aussi vu le jour à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1937. Conçu de prime abord pour pallier au manque de place dans le Musée du Luxembourg, il a ensuite eu pour vocation d’abriter deux musées bien distincts : le Musée d’art moderne de la Ville de Paris, et le Musée national d’art moderne. Aujourd’hui, seul le Musée d’art moderne de la Ville de Paris occupe toujours sa place dans l’aile Est du bâtiment. L’aile Ouest a quant à elle connu plusieurs changements. C’est dans cette aile Ouest que se trouve l’actuel Palais de Tokyo.

Fruit des talents joints de Jean-Claude Dondel, d’André Aubert, de Paul Viard et de Marcel Dastuge, le palais est construit dans des matériaux nobles comme le marbre ou le verre. Cela permet, grâce notamment aux grandes verrières de diffuser une lumière naturelle dans tout le lieu. La structure extérieure de l’édifice est en béton armé, matériau dont les maçons parisiens sont les spécialistes.
A l’origine d’une superficie de 8 000 m2, il s’étend désormais sur plus de 22 000 m2. De part ses volumes imposants, le Palais dispose de nombreuses espaces ouverts, et d’une utilisation de la lumière très précise. Ses deux ailes symétriques, son grand péristyle, son magnifique miroir d’eau, son immense terrasse, et son escalier monumental rende le lieu riche, mais néanmoins relativement sobre. Il abrite également un bas-relief signé Alfred Janniot, oeuvre typique du mouvement Art Déco.

Le Palais de Tokyo est devenu en 2012 le plus grand centre d’art contemporain d’Europe et il invite à admirer des centaines d’oeuvres contemporaines et à rencontrer les créateurs de notre temps, là même où furent exposés parmi les plus grands artistes du siècle passé.

 

Vitrail de la Villa Frochot – Paris, 9ème arrondissement

C’est au numéro 2 de la rue Frochot, sur le portail de la Villa Frochot que l’on peut venir observer cette oeuvre reconnue au patrimoine culturel français. Ce vitrail d’influence japonaise exploite avec poésie le thème de la mer et n’est pas sans rappeler l’oeuvre du peintre japonais du XIXème siècle, Hokusai.

Cette oeuvre du maître verrier Hagnauer Georges a été créée en 1837 à la demande de riches bourgeois parisiens, l’hôtel particulier sera en 1920 converti en cabaret chinois, le Shanghai. C’est à cette époque que sera installé ce magnifique vitrail. Aujourd’hui salle de jeux privée, le vitrail, souvenir des années folles à la Villa Frochot prend tout son sens une fois baigné de lumière lorsque la nuit tombe.

Le Grand Rex – Paris, 10ème arrondissement

C’est le producteur et distributeur de cinéma, Jacques Haïk qui est à l’origine en 1932 du projet de construction du mythique Grand Rex qu’il souhaite créer comme un “temple du cinéma”. Pari réussi pour ce lieu qui deviendra la plus grande salle de cinéma d’Europe et dont la grande salle, les décors, la toiture et les façades sont depuis 1981 classés au titre des monuments historiques.

Sa façade Art Déco, sa voûte étoilée dans la grande salle, ses décors d’inspiration baroque en font un cinéma unique en Europe.
Ce projet chorale entre l’architecte Auguste Bluysen et l’ingénieur américain John Eberson avait alors pour ambition d’imiter les constructions des grandes villes américaines comme le New York de l’époque et notamment le « Radio City Music Hall ».

La grande salle du cinéma est quant à elle d’inspiration orientale comptant une voute étoilée créée par l’architecte et décorateur Maurice Dufrène, sur laquelle chaque étoile est attachée à un cône recouvert de perles de verres ce qui permet de réfléchir la lumière. Nous devons la façade au travail du sculpteur et verrier HenriEdouard Navarre.

Dès l’époque, cette construction Art Déco se distingue par les énormes lettres de son enseigne et sa lanterne rouge qui s’illumine le soir.

Sources :
– https://carnets-traverse.com/city-guide/paris/maison-de-verre-pierre-chareau/
– https://palaisdetokyo.com/lieu-et-son-histoire/
– https://www.architecture-art-deco.fr/verriere-art-deco-2-rue-frochot-paris.html
– https://www.architecture-art-deco.fr/theatre-folies-bergere-paris.html
– https://marais-louvre.fr/le-grand-rex-le-gigantisme-art-deco
– https://www.pariszigzag.fr/secret/lieux-insolites/les-decors-renversants-des-folies-bergere
– https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/theatre-national-de-chaillot-restauration-des-decors/
– https://www.mareetmartin.com/livre/palais-de-chaillot-palais-art-deco
– https://paris-promeneurs.com/la-maison-de-verre/
– https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/visite-privee/le-palais-de-chaillot-symbole-de-l-art-deco_1753799.html

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